Accident impliquant des piétons : À qui la faute ?

Au Québec, 36 piétons sont décédés en 2022 lors de collisions, révèle la Sûreté du Québec, dont près du quart ont perdu la vie à Laval alors que notre ville représente moins de 6% de la population québécoise. Les marcheurs sont les usagers de la route les plus vulnérables. N’ayant ni casque ni coussin gonflable pour les protéger, ils doivent se munir de patience et de prudence pour traverser nos grands boulevards. Avec ses 37,4 accidents de piétons par 100 000 habitants, Laval se classe deuxième au Québec en termes d’accidents par habitant selon les derniers chiffres publiés par la SAAQ.

Selon Piétons Québec, les aînés représentent près de la moitié des piétons décédés chaque année dans la province. L’état physique et la vitesse de marche d’une personne peuvent avoir une incidence sur la gravité des blessures subies lors d’une collision avec une voiture. Ces données n’échappent pas à la population de Laval, qui recense une grande proportion d’aînés dans ses accidents mortels. 

Laval : une ville faite pour la voiture

Rappelons que Laval a été construite autour des déplacements en voiture. Il suffit de jeter un coup d’œil sur la carte lavalloise pour s’apercevoir que les autoroutes et les grandes artères enclavent les quartiers. Les quartiers résidentiels sont détachés des zones commerciales et industrielles, obligeant l’utilisation de la voiture pour se rendre d’un endroit à un autre. Quant aux aménagements, il existe un réel déficit en trottoirs qui désavantage les marcheurs. Avec un score de 30%, Laval est la grande ville du Québec qui compte le moins de trottoirs par kilomètre de rue. Ces conditions obligent les piétons à circuler dans des zones parfois peu propices à la marche.

Laval se distingue également dans le comportement de ses conducteurs. Selon le rapport publié en 2015 par la SAAQ sur la vitesse, Laval se démarque pour ses forts taux d’excès de vitesse par rapport au reste du Québec : elle correspond à la ville où le plus d’infractions liées à la vitesse sont constatées. Tout cela pousse à la réflexion à savoir à qui appartient la faute de ces accidents impliquant des piétons?

Mise en place de mesures de sécurité piétonnière

Malgré la culture dominante de l’automobile, la Ville de Laval souhaite changer de paradigme en mettant le piéton au cœur de ses considérations. On parle essentiellement de mesures d’apaisement de la circulation (MAC) implantées pour instaurer un environnement sécuritaire dans les quartiers. La mise en place de MAC cherche également à encourager les déplacements à la marche et à vélo, ainsi que toutes autres activités pratiquées à proximité de la maison.  

Pour réduire la vitesse, ce sont les afficheurs et les limites de vitesse qui agissent directement sur le conducteur. Des MAC comme les dos d’âne, les balises de ligne médiane et les bollards peuvent être installés pour inciter les conducteurs à aller moins vite et à redoubler de vigilance. Pour favoriser les déplacements actifs, à la marche ou à vélo, Laval doit améliorer ses passages piétons pour permettre aux marcheurs de traverser en priorité et en toute sécurité. De plus, la ville a annoncé que près de 525km de trottoirs, de sentiers et de pistes polyvalentes vont être ajoutés aux 1350km du réseau piétonnier actuel d’ici 2040.

Demander une MAC :

un processus pas si complexe

Si vous ne vous sentez pas en toute sécurité dans votre quartier et pensez qu’une mesure d’apaisement de la circulation serait nécessaire sur votre rue, il vous est possible de soumettre une requête pour des MAC en ligne ou en appelant le 311. Les demandes d’ajout de ces mesures dans les rues locales sont analysées selon certains critères, tels que la vitesse et le nombre de véhicules circulant sur la rue. Si une problématique est identifiée, une mesure sera implantée.

Réduire les accidents de piétons :

un travail collectif

En attendant, les utilisateurs de la route se doivent de redoubler de vigilance. Dans une ville où l’automobile est dominante, le marcheur doit éviter les distractions et s’assurer d’être visible et vu en tout temps. Pour ce qui est du conducteur, il est primordial pour lui de prêter une attention accrue aux usagers les plus vulnérables, à la signalisation routière et de réduire sa vitesse. Rappelons que réduire sa vitesse de 5 km/h permettrait de diminuer les accidents d’en moyenne 15% annuellement. Pour en revenir à la question de départ, la sécurité est la responsabilité de tous. D’un point de vue municipal, il est important que les préoccupations des piétons se hissent à la tête de l’ordre du jour de l’agenda de la ville. Pour cela, il est primordial que des aménagements plus sécuritaires se mettent en place plus rapidement et que des budgets conséquents soient accordés dans ce but par le conseil municipal.

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